
Ce rendez-vous a été créé par Ma Lecturothèque. Le principe est de vous partager, chaque semaine, les premières lignes d’un livre que l’on choisit.
Aujourd’hui, je vous partage les premières lignes du livre qui m’a accompagnée en début de semaine : De la part du diable, d’Aina Basso.
Je te conjure, toi Lucifer, chef suprême, et vous, autres Maîtres et Princes, d’infliger souffrances et tourments à ce mortel, comme il l’a fait de moi, et de t’assurer, puissant Souverain Gramatan, comme vous, autres Déesses et Vierges, que ce mortel en soit aussi agité qu’une lame s’abattant sur tout le rivage, et qu’il en soit si plein de hargne et de folie dans sa pensée et son humeur qu’il croie que le ciel doive tomber sur lui, et la terre l’engloutir, et qu’il en soit ainsi pendant cinq à six jours, au nom du Diable.
Asmedeus Norman + Satan + + + Belsebub + Kobi + + + Buse + + + + Jeng + + + + Busel
Extrait du Livre noir
C’est le printemps à Copenhague. Les arbres fleurissent dans le verger, le soleil chauffe, la pelouse est gorgée d’eau après les ondées. J’avance avec prudence pour ne pas me mouiller, on entend des bruits de succion là où je pose le pied. Le jardin fume, de petites marguerites hochent la tête. Je traverse le champ en courant sans soulever ma robe, je ris et je saute dans l’herbe et les petites flaques. L’eau froid s’infiltre entre mes orteils, mes collants sont mouillés, lourds dans mes chaussures.
Le soleil fait briller les fleurs dans les arbres, bientôt ce seront des fruits durs, des pommes, de petites poires, et quand l’été aura pris fin, la fille de cuisine les ramassera dans des paniers, les portera à cuire et à confire, pour en fourrer de moelleux gâteaux à la crème. Je lèche mes lèvres et tends le bras vers la branche la plus basse, je cueille des pétales et les dépose dans la paume de ma main. Ils sont fragiles, immaculés, je respire leur parfum.
Un jour je serai une mariée de printemps, et alors j’aurai des fleurs de pommier dans les cheveux. J’aime l’odeur des pommes, le goût des pommes.
L’homme grave est revenu. Il arrive telle une ombre dans la calèche, père se tient à la porte et l’attend. Il a ce regard sur moi. Ce regard, qui me force à baisser les yeux, force mes mains à trouver quelque chose à faire, il me faut prétexter une affaire urgente pour y échapper.
Dès son arrivée, je me suis sauvée dans le jardin, car Line s’est empressée de me prévenir.
-C’est encore l’homme grave.
-Le maître l’a invité à dîner.
De la part du diable, Aina Basso.
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