
Résumé
Londres, 1953. Depuis la fin de la guerre et l’écrasante victoire allemande, le Royaume-Uni est un Protectorat administré par l’Allemagne nazie. Les femmes y sont dorénavant réparties en classes qui régulent strictement leurs droits. Heureusement pour elle, Rose Ransom fait partie de l’élite. Et, privilège s’il en est, on la charge de réécrire la littérature. Jane Austen, Charlotte Brontë ou les frères Grimm n’ont pas de secrets pour elle et, bientôt, leurs héroïnes deviendront pour les lectrices de parfaits modèles aryens. Seulement, alors que l’arrivée à Londres du Leader est imminente, des phrases censurées réapparaissent sur les murs de la ville.
Et c’est Rose que l’on envoie enquêter en plein coeur des Widowlands, ces banlieues délabrées où l’on confine les femmes insoumises ou rebuts de la société. Pourtant, Rose s’interroge : à quel point ces femmes sont-elles différentes d’elle ?
Editions du Masque, 392 pages, 21,90€
Mon avis
Widowland me semblait être un roman prometteur. Le résumé m’a tout de suite intriguée et m’a incitée à plonger dans l’histoire de Rose.
Dans ce roman, on explore ce que le monde aurait pu être si les Etats-Unis ne s’étaient pas mêlés de la seconde guerre mondiale. C’est la raison pour laquelle les allemands ont pu gagner la guerre et imposer leur domination en Europe. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce monde est révoltant. En lisant cette histoire en tant que femme, j’ai eu un peu de mal à comprendre comment ces femmes-ci acceptaient, finalement, ce qui leur arrivait. Il faut cependant garder à l’esprit que cette histoire se déroule au cours des années 50, et que les mentalités n’étaient pas les mêmes. En tout cas, le roman explique cette acceptation de manière plutôt simple… et pas forcément convaincante : le peuple anglais accepterait tout cela parce qu’ils n’auraient pas l’esprit de révolte, parce qu’ils veulent continuer leur vie, tout simplement, sans avoir de souci. Alors, plutôt que de se battre pour leur liberté, ils se sont laissé soumettre par les Allemands. Ce n’est pas une explication suffisante selon moi, mais soit.
Nous suivons donc Rose Ransom, une Geli, c’est-à-dire une membre de la plus haute caste de femmes. En tant que telle, elle a le droit à un appartement de rêve… dont les murs sont fins comme du papier, et qui nous fait nous demander à quoi les femmes moins bien loties ont le droit. Rose est quelque peu rebelle : elle ne veut pas se marier, elle ne veut pas d’enfants et elle écrit des histoires dans des carnets qu’elle cache. Elle a également une relation avec un Aîné qui est déjà marié, et qui lui promet qu’il finira par quitter sa femme pour l’épouser, elle. Je n’ai pas trouvé cette héroïne très attachante : bien qu’elle ait eu l’occasion de grandir dans un monde qui n’était pas encore totalitaire, elle ne semble pas se poser tant de questions que cela. Elle est rebelle, mais pas trop quand même.
Au cours du roman, Rose se voit confier une mission : celle de se rendre dans les Widowlands, là où vivent les vieilles femmes veuves, afin de les interroger sur une série d’inscriptions faites sur des bâtiments. Les veuves sont les premières suspectes, parce qu’elles n’ont rien à perdre. En revanche, le fait que l’on envoie Rose, une femme chargée de réécrire les romans pour correspondre à l’idéologie allemande, est quelque chose qui m’échappe totalement. Elle n’est pas spécialiste en interrogatoire, ou en espionnage, ou quoi que ce soit du genre. Elle a été choisie uniquement pour servir l’histoire écrite par l’autrice, pour l’amener à s’interroger sur sa vie, mais surtout pour lui donner un but.
Ce roman souffre de son rythme, qui est relativement lent. Il ne se passe vraiment pas grand chose pendant la majeure partie du roman : Rose travaille, elle s’interroge sur Martin, elle rend visite à son père, elle se rend dans les Widowlands… et c’est à peu près tout. Le rythme s’accélère dans le dernier quart, ce qui est vraiment dommage parce qu’il y a tout un tas de pages qui ne servent pas à grand chose. Mais à partir du moment où Rose assemble les pièces du puzzle, tout s’accélère, jusqu’à atteindre la conclusion. Ce sursaut d’énergie est beaucoup trop tardif selon moi, et arrive comme un cheveu sur la soupe.
La fin est d’ailleurs beaucoup trop abrupte : j’ai l’impression que l’autrice nous a volé une véritable conclusion. On pourrait imaginer la suite nous-même, mais ce n’est vraiment pas satisfaisant de voir le livre se couper ainsi, sans épilogue. D’autant plus qu’il y a un second tome qui sortira la semaine prochaine en VO, qui se déroule deux ans plus tard, et dont le résumé laisse penser qu’au final, les événements de ce volet n’ont eu aucune conséquence pour Rose.
En bref, si l’histoire m’a plu, je n’ai pas ressenti d’attachement particulier au personnage principal. J’ai également trouvé que ce roman souffrait de gros problèmes de rythme qui ont malheureusement gâché ma lecture.
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