
Résumé
L’Histoire revisitée sous l’angle féminin : raconter et comprendre ce grand oubli dans lequel sont tombées les femmes de la Préhistoire jusqu’à nos jours.
« On nous a appris que l’histoire avait un sens et que, concernant les femmes, elle allait d’un état de servitude totale vers une libération complète, comme si la marche vers l’égalité était un processus naturel. Ce n’est pas exact. On a travesti les faits. On a effacé celles qui avaient agi, celles qui, dans le passé, avaient gouverné, parlé, dirigé, créé.»
A la préhistoire, les femmes chassaient, au Moyen Âge, elles étaient bâtisseuses de cathédrales ou encore espionnes durant la guerre de Cent Ans ; au XIXe siècle, elles furent journalistes… À chaque époque, elles ont agi, dirigé, créé, gouverné mais une grande partie d’entre elles n’apparaissent pas dans les manuels d’histoire. Dans la lignée des travaux de Michelle Perrot, Titiou Lecoq passe au crible les découvertes les plus récentes. Elle analyse, décortique les mécanismes, s’insurge, s’arrête sur des vies oubliées pour les mettre en lumière. Sa patte mordante donne à cette lecture tout son sel. Les femmes ne se sont jamais tues. Ce livre leur redonne leur voix.
Mon avis
Les grandes oubliées, c’est un livre qui m’a d’abord intriguée lorsque j’en ai entendu parler à la télé. Le titre amène à s’interroger. C’est vrai que les femmes, dans l’Histoire, eh bien on les voit bien moins souvent que les personnages masculins, en particulier à l’école. Si on vous disait par exemple que la personne ayant fait de la programmation était une femme, Ada Lovelace, est-ce que ça vous étonne ? Avec ce livre, on découvre plein de femmes ayant eu un rôle important.
Cette question de la place des femmes, je n’ai commencé à me la poser que très récemment. L’histoire n’a jamais été ma matière de prédilection, et j’avais tendance à penser que si on parlait principalement d’hommes, c’était parce que les femmes n’avaient pas fait grand chose d’important. C’est quand j’ai commencé à m’intéresser à la couture, au tricot, et particulièrement au filage, que j’ai été mise face à quelque chose de perturbant : le filage est un art qui se perd parce que les femmes ont été mises à l’écart. Cet art considéré comme « féminin » n’était pas considéré comme étant important, et donc la documentation est assez rare. Un autre sujet qui m’a aidé à réaliser que les femmes étaient mises à l’écart, c’est le corset. Vous allez me dire : le corset, cet instrument de torture ! Et pourtant, c’est un instrument de la libération féminine. Fabriqué et vendu par des femmes, il a été considéré comme nuisant à la santé par des médecins qui voyaient les femmes acheter des corsets plus confortables pour travailler… et qui sortaient dans la rue pour réclamer le droit de vote.
En L2, j’ai eu un cours intitulé « femmes grecques », et je dois dire que cet ouvrage a fait écho à ce cours. Il tente d’expliquer pourquoi les femmes ont été jugées « mineures », moins importantes, notamment au début de l’Histoire, dans les premières sociétés… et c’était l’un des points que ce cours que j’ai suivi abordait également. Tous deux s’appuient sur Françoise Héritier.
Il est difficile de faire la critique d’un essai, c’est pourquoi j’ai relaté jusqu’ici mon expérience avec les femmes dans l’Histoire. Cet ouvrage, bien qu’intéressant, n’est selon moi pas destiné à tous. Il faut déjà avoir conscience de la place des femmes de la société, de la fragilité de leurs droits, pour vraiment comprendre et apprécier cet ouvrage. Il est clair que les femmes ont elles aussi marqué l’Histoire, mais je pense surtout que cet ouvrage est destiné à répondre aux questions de celleux qui sont intéressés par le sujet. Et je pense qu’il ne ferait pas changer d’avis à ceux qui n’en ont rien à faire de la place de la femme et qui considèrent que les féministes en font trop.
Ce livre, c’est l’histoire des combats menés par les femmes. Avec un style facile à lire et non dépourvu d’humour, Titiou Lecoq retrace le chemin de ces reines, prêtresses, écrivaines, militantes, et nous amène à nous demander si nos droits sont réellement acquis (spoiler : non, je crois qu’on en a eu des preuves cette année). Il n’appartient qu’à nous de nous battre pour faire entendre nos voix, car vivre en silence ne fera pas progresser la société.
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Le sujet traité me plait totalement et l’auteur semble être percutant. Du coup, je me note cet essai ! Merci à toi pour la découverte.
Il me tente depuis un moment cet essai, même si j’anticipe déjà de vives émotions à la lecture de l’histoire de ces femmes oubliées. J’ai trouvé intéressant les liens que tu fais avec les connaissances que tu as acquises toi-même autrement.
Je suis contente de voir que tu as toi aussi aimé cette lecture =)
C’est marrant que tu parles du travail de filage ; en Bretagne, aux XIXe et XXe siècles, si je ne dis pas de bêtises, c’étaient essentiellement des hommes qui étaient connus pour leur travail de broderies – tout un art ! – et que c’est en effet un travail plutôt connu pour être fait par des femmes. J’ai l’impression, mais il est possible que je me trompe, que comme beaucoup d’activités dites féminines (la cuisine, l’informatique…), les hommes s’en sont emparés pour les élever à un rang plus « noble ».
Oui, les guildes de tricot étaient réservées aux hommes en Grande-Bretagne également alors que c’était aussi une activité féminine. Je pense aussi que dès que y’a de l’argent à se faire, les hommes s’emparaient de l’activité.
De l’argent et un certain statut (un minimum glorieux) à gagner ! Je ne savais pas du tout pour le tricot en Grande-Bretagne, j’ai bien fait de t’en parler comme ça je découvre des choses 😊
Il me tente beaucoup !